Evelyne est la responsable Santé et Nutrition au sein de Jardins du Monde au Burkina Faso.

Quand et comment ton expérience à Jardins du Monde a-t-elle commencé ?

J’ai commencé chez Jardins du Monde en 2013 pour prendre le relais de ma tante Eulalie Bassolé sur le programme de lutte contre la malnutrition infantile. Cette dernière était contractuelle à Jardins du Monde et devait terminer son contrat. Étant moi-même formée initialement à la nutrition, intégrer l’équipe de JdM était alors pour moi une grande opportunité.

Quels sont tes diplômes et ton parcours professionnel ?

J’ai fait mes études jusqu’au baccalauréat scientifique puis, en 2007, j’ai intégré l’association Acti + basée à Koudougou, qui intervient essentiellement dans la sensibilisation à la santé

J’ai reçu avec eux des formations de lutte contre la malnutrition, le paludisme, la tuberculose, le VIH, et à propos du planning familial. Je suis alors devenue animatrice santé au sein d’Acti +. Mais mon contrat chez Acti + était sur 6 mois de l’année uniquement.

Très intéressée par les plantes médicinales depuis mon enfance (dans ma famille on s’est toujours soigné avec les plantes), j’ai saisi tout de suite l’opportunité de pouvoir rejoindre l’équipe de JdM en tant qu’animatrice santé.

Qu’est ce qui te plaît dans tes fonctions au sein de JdM ?

Avant tout, quand j’ai intégré JdM, j’ai pu en apprendre davantage sur beaucoup d’espèces de plantes médicinales, aussi bien auprès de mon collègue Gha (responsable Jardins et Production), qu’auprès de nos villages partenaires, et de Jean-Pierre Nicolas.

Ce qui me plait le plus est le programme nutrition, ce pourquoi j’ai été recrutée au départ. Là, on sent le réel besoin de sauver des vies dès le plus jeune âge… En tant que maman burkinabè moi-même, ça veut dire beaucoup !

J’aime aussi la diversité dans les actions de JdM, qui sont toutes complémentaires les unes des autres : formations auprès des mères de famille, des jeunes (élèves, jeunes mères, jeunes hommes), sensibilisation théâtrale…

Et surtout les formations sont axées sur la pratique : apprendre aux bénéficiaires comment préparer une décoction ou une inhalation de plantes pour soigner telle ou telle maladie, apprendre aux enfants à soigner une plaie en faisant un cataplasme d’Aloe vera…

JdM est diversifiée dans ses actions mais aussi dans ses pratiques : on intervient dans beaucoup de villages, autant qu’au sein de notre jardin pédagogique où nous formons plus de 1 000 élèves par an, sans pouvoir répondre à toutes les demandes qu’on reçoit. Il va donc sans dire que notre action a du sens pour nos populations.

Les temps au bureau sont aussi importants pour évaluer l’ensemble de nos actions et échanger sur les activités de chacun, car elles sont complémentaires pour aider à la bonne santé et la bonne nutrition des gens.

Tu fais régulièrement des formations santé avec les jeunes, et tu viens de faire un premier cycle de formation à la nutrition pour eux, quelles sont tes techniques pour les intéresser ?

D’abord, il est facile pour moi d’échanger avec eux, car je parle le mooré et le lyele, les langues parlées dans nos villages partenaires.

Comme j’ai été formée depuis longtemps à la sensibilisation, je sais qu’il faut utiliser des supports comme les boîtes à images pour attirer leur attention, et leur permettre de s’exprimer et d’échanger librement avec moi pour répondre à leurs questions.

Je sais aussi que le travail de formation et sensibilisation en santé et nutrition m’aide beaucoup à avoir l’écoute des jeunes, puisque leurs mamans ont pu leur montrer que les formations étaient utiles et agréables.

Enfin, être burkinabè et connaître la vie au village me permet de leur parler de leur réalité quotidienne. Je connais les bonnes et mauvaises pratiques qu’on peut trouver au village, et donc je sais sur quoi insister pour montrer l’impact que vont avoir ces changements de comportements dans l’amélioration de leur vie.

Pour finir, peux-tu nous dire quelle est ta recette de plantes médicinales préférée ? Et quelle était la meilleure recette réalisée pendant les formations nutrition avec les jeunes

Le paludisme concerne tout le monde, à tous les âges, donc ce sont les décoctions contre cette maladie que je préfère. Pour cela, je peux recommander du Combretum micranthum, du Vernonia colorata, du Mitragyna inermis, ou encore le Lippia chevalieri. Je choisis ces plantes car je sais qu’elles sont efficaces et faciles à trouver.

La recette préparée à la demande des jeunes dans le cadre des formations nutrition qui m’a le plus plut ?

Le tô de petit mil en gardant le son, accompagné d’une sauce au moringa, au poisson séché et aux légumes (tomates, oignons, gombo, aïl). C’est très nutritif et avec toutes ces plantes dedans, ça soigne !